Après une véritable course folle dans
Avignon, hier, avec Claudelle, il est temps de faire un petit
compte-rendu des 9 pièces du OFF que j'ai vues jusqu'à maintenant
et dont je n'ai pas encore eu le temps de parler. Pour l'anecdote,
j'ai assisté à la moitié d'entre elles dans la journée d'hier. 4
pièces du OFF suivies d'une pièce du In d'une durée de 4h20 sans
entracte (plus de détails sur celle-ci bientôt)...et littéralement
courir entre les représentations!
Voici donc quelques pensées éparses
sur ce que j'ai pu voir :
Quand souffle le vent du nord
– Compagnie Talon Pourpre
Littérature
« populaire » et théâtre
Donner
chair à deux êtres virtuels, les placer sur une toute petite scène
et réussir à conserver la distance physique imposée par le texte
(on parle ici de deux correspondants par mail qui ne se rencontreront
jamais). Le bon jeu des acteurs réussit à rendre le rapprochement
des personnages sans qu'ils aient à se regarder ou à se toucher.
Le mot progrès dans la bouche de ma
mère sonnait terriblement faux
– Paradoxe(s)
Théâtre,
masque, ombres chinoises et projections
Petit
problème avec l'abondance de médias utilisés dans la mise en
scène. Ils semblent renvoyer à différents niveaux de réalité
(projections lorsqu'il est question de la sœur qui se prostitue à
l'étranger, masques pour les parents de retour d'exil...), mais pas
avec constance ce qui brouille la compréhension du spectateur. Les
ombres chinoises, notamment, semblent plus décoratives qu'autre
chose, renvoyant parfois à la mort, parfois non.
Petit boulot pour vieux clown
– Chapiteau Theatre Compagnie
Théâtre
et art du clown
Un nez
de clown, c'est sacré! C'est un tout petit masque, mais il convient
tout de même de changer son jeu quand on l'enlève! La pièce
commence et les clowns n'ont pas leur nez. Pourtant, ils sont déjà
dans le jeu clownesque. Ce qui fait que lorsqu'ils le mettent et font
leurs numéros de clown, il n'y a pas de différence avec leur jeu
précédent. La pièce est donc toute égale...plate, plate, plate.
Yvonne, princesse de Bourgogne
– Compagnie Narcisse
Théâtre
et masque
Mise
en scène très simple, belle scénographie très épurée. L'intérêt
de cette pièce réside dans le jeu avec les masques qui est très
bien exploité. Les masques sont portés par tous les personnages de
la cour de Bourgogne (bref par tous, sauf Yvonne). Cela montre à la
fois leur façade, leur côté superficiel, mais aussi leur laideur
qui est la vraie, et non pas celle d'Yvonne. Quand les acteurs
enlèvent ces masques, leur jeu change réellement. Le personnage
montre alors sa vraie nature dans toute sa folie, ses angoisses, ses
remords. (Il aurait peut-être été préférable qu'Yvonne soit
moins handicapée physiquement. Cela aurait davantage laissé voir
la cruauté et la vraie laideur qui sont celles des gens de la cour.)
LB25 (putes)
– Kaméléon Cie
Théâtre,
projection, chant, photographie, littérature (roman)
Belle
adaptation théâtrale, mise en scène de la parole de deux
écrivaines sur la prostitution. Quelques images fortes :
énumération des types de clients associé à une succession de
positions sexuelles exécutées par l'actrice. Jeu de marelle :
saut sur un pied, saut sur un pied, jambes écartées = La
prostitution commence à la petite école.
Mon nom est rouge
– Compagnie Papierthéâtre
Marionnette
de papier, conte et musique en direct
Mes
quelques expériences de la marionnette m'amènent à penser que c'est
un média qui appelle une lenteur extrême dans le jeu. Ce qui aurait
pu être une pièce intéressante (belle histoire, belles
marionnettes, etc.) a été tué par le manque de rythme. Trop égal.
Point marquant : le personnage du conteur et ses yeux pleins de
malice!
Effroyables jardins
– Dychka et Cie
Théâtre
et clown
Au
début, je pensais que le mauvais jeu clownesque état voulu, puisque
le personnage du père est décrit par le narrateur comme un clown
malhabile. Mais justement lorsque l'acteur enlève son costume de
clown pour prendre ce rôle de narrateur, on comprend qu'il s'agit de
mauvais jeu tout court. Avec des gestes plaqués dans une mise en
scène bien pauvre.
Tapage dans la prison d'une reine
obscure – Compagnie L'ÉCHAPPÉE
Théâtre
(amateur?)
Pas
d'interdisciplinarité ici. Un très beau texte dans une mise en scène
assez pertinente. Cependant, avec des actrices qui ne projettent pas,
qui crient et qui ne vont jamais au bout de leurs gestes. Dommage.
Kabaravan
– Vox International Théâtre
Théâtre
musical (airs tzigans, music-hall, opérette)
Maîtrise
impressionnante des acteurs de deux
langages inventés (grommelot?). Ces deux langues, l'une un mélange
entre français et anglais, l'autre formant un dialecte gitan, marquent l'opposition entre les deux mondes présentés. Le chez-soi tzigan
avec son lot de pauvreté et l'Amérique (Occident) rêvé. Une pièce
pleine d'humour et de chansons qui cache un message politique fort
pertinent. L'Eldorado est doré parce que c'est eux qui le
frottent...
Pour plus d'info sur le OFF et ses pièces : www.avignonleoff.com
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