jeudi 18 juillet 2013

Quelques réflexions sur le spectateur


À défaut d'avoir un article sur un spectacle en particulier, je vais me concentrer plus sur l'élément au centre de mon sujet: le spectateur. Bien que cela puisse paraître étrange, le spectateur au Festival d'Avignon n'est pas du tout le même que l'on peut croiser dans un théâtre au Québec. Bon, il y a celui qui laisse son téléphone cellulaire allumé, il y a celui qui doit impérativement fouiller MAINTENANT dans son sac en papier, il y a celui qui doit à cet instant précis déballer un bonbon, il y a celui qui doit absolument commenter le spectacle au fur et à mesure. Ce sont tous des spectateurs que l'on peut retrouver chez nous. Le plus impressionnant, c'est le spectateur qui se lève et s'en va. Chez nous, il y en a très peu. Ici, c'est presque impossible qu'une représentation ait lieu sans qu'au moins un spectateur quitte la salle. Presque. 


La fin du spectacle est un autre moment très différent ici comparé au Québec. Au Québec, le public applaudit, plus ou moins vigoureusement, avec plus ou moins d'enthousiasme (cris et autres), mais inévitablement, même si les gens n'ont pas vraiment aimé la pièce, ils se lèvent. Standing ovation automatique dans la plupart des théâtres (pas tout le monde, mais il y a tout le temps des gens qui le font), peu importe la qualité du spectacle. Ici, non. Ici, le spectateur, s'il n'a pas aimé le spectacle, n'applaudit pas. Aussi, certains se lèvent et partent dès que les lumières s'éteignent et que les autres commencent à applaudir. Plus impressionnant encore sont ceux qui applaudissent. Normalement, chez nous, les acteurs viennent une fois sur la scène, sortent et reviennent. Une fois. Ici, la normale, c'est deux. Donc on applaudit une fois, les acteurs entrent, saluent, sortent. Les gens applaudissent encore. Les acteurs entrent, saluent, sortent. Les gens applaudissent encore. Aussi, le plus les gens applaudissent, le plus que leurs mains suivent la même cadence: «Un rappel, un rappel», comme dans un show rock. Finalement, les lumières générales de la salle se rallument. Et les spectateurs continuent à applaudir, ou non. C'est quand même particulier la première fois que tu vois un spectacle et que les gens demandent deux rappels, mais personne n'est debout. Pourtant, ils ont adoré souvent. Mais ici, le standing ovation est très rare, pratiquement inexistant. Étranges, ces festivaliers. Une autre culture complètement. 


Autre chose intéressante à savoir pour le Festival en général. Chez nous, le In, c'est normalement là qu'est présenté le théâtre plus traditionnel disons. Les grandes oeuvres, les grands noms. Le OFF, chez nous, c'est là où se fait un théâtre un peu plus déjanté, bizarre, moins accessible disons. Au Festival d'Avignon, c'est exactement l'inverse. Au In, on présente des créations étranges et originales, qui montrent une autre facette du théâtre. On n'y présente certainement pas du Molière et du Shakespeare. On met en valeur le théâtre contemporain, plus expérimental, le théâtre qui essaie de nouvelles choses et «thinks out of the box». Le OFF, de son côté, a tout ce qu'il y a de plus traditionnel. On y présente du Molière et du Shakespeare, des adaptations de toutes sortes, des créations aussi, mais beaucoup plus comme le théâtre dont on a l'habitude d'en voir et d'en entendre: mise en scène plus traditionnelle, pas de technologie ou presque, les décors sont souvent pauvres. C'est bien, ça laisse place à plus de 1200 spectacles de tout genre de se produire sur scène. Avec cette quantité de spectacle, on espère simplement en trouver quelques-uns de qualité. 


Pour ce qui est de mon sujet précisément, à savoir quelle est la place du spectateur dans le théâtre, elle est relativement similaire dans plusieurs des pièces que j'ai vu. Le spectateur peut être témoin d'une action (beaucoup de pièces du OFF), être le confident des acteurs sur scène ou même le confesseur (Todo el cielo sobre la tierra), être la personne à qui on raconte l'histoire directement (Mangez-le si vous voulez), faire partie intégrante de l'histoire (Shéda). Le rapport scène/salle est souvent frontal, l'interaction avec le public se limite habituellement à la parole, sauf quelques exceptions (dans Shéda, les acteurs ont invité des spectateurs à danser avec eux sur le plateau). Souvent, on parle au spectateur, mais quelques fois, on parle du spectateur, plus ou moins implicitement (Le pouvoir des folies théâtrales). 


Voilà. Ça résume très simplement les quelques impressions que j'ai eu, à la fois sur le spectateur lui-même et sur sa présence au théâtre et dans le théâtre. Des comptes-rendus plus détaillés suivront, je me suis juste dit qu'après presque deux semaines de festival, il était temps de faire un mini-topo. La suite à venir donc.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire