À défaut d'avoir un
article sur un spectacle en particulier, je vais me concentrer plus sur
l'élément au centre de mon sujet: le spectateur. Bien que cela puisse paraître
étrange, le spectateur au Festival d'Avignon n'est pas du tout le même que l'on
peut croiser dans un théâtre au Québec. Bon, il y a celui qui laisse son
téléphone cellulaire allumé, il y a celui qui doit impérativement fouiller
MAINTENANT dans son sac en papier, il y a celui qui doit à cet instant précis
déballer un bonbon, il y a celui qui doit absolument commenter le spectacle au
fur et à mesure. Ce sont tous des spectateurs que l'on peut retrouver chez
nous. Le plus impressionnant, c'est le spectateur qui se lève et s'en va. Chez
nous, il y en a très peu. Ici, c'est presque impossible qu'une représentation
ait lieu sans qu'au moins un spectateur quitte la salle. Presque.
La fin du spectacle est
un autre moment très différent ici comparé au Québec. Au Québec, le public
applaudit, plus ou moins vigoureusement, avec plus ou moins d'enthousiasme
(cris et autres), mais inévitablement, même si les gens n'ont pas vraiment aimé
la pièce, ils se lèvent. Standing ovation automatique dans la plupart des
théâtres (pas tout le monde, mais il y a tout le temps des gens qui le font),
peu importe la qualité du spectacle. Ici, non. Ici, le spectateur, s'il n'a pas
aimé le spectacle, n'applaudit pas. Aussi, certains se lèvent et partent dès
que les lumières s'éteignent et que les autres commencent à applaudir. Plus
impressionnant encore sont ceux qui applaudissent. Normalement, chez nous, les
acteurs viennent une fois sur la scène, sortent et reviennent. Une fois. Ici,
la normale, c'est deux. Donc on applaudit une fois, les acteurs entrent,
saluent, sortent. Les gens applaudissent encore. Les acteurs entrent, saluent,
sortent. Les gens applaudissent encore. Aussi, le plus les gens applaudissent,
le plus que leurs mains suivent la même cadence: «Un rappel, un rappel», comme
dans un show rock. Finalement, les lumières générales de la salle se rallument.
Et les spectateurs continuent à applaudir, ou non. C'est quand même particulier
la première fois que tu vois un spectacle et que les gens demandent deux
rappels, mais personne n'est debout. Pourtant,
ils ont adoré souvent. Mais ici, le standing ovation est très rare,
pratiquement inexistant. Étranges, ces festivaliers. Une autre culture
complètement.
Autre chose
intéressante à savoir pour le Festival en général. Chez nous, le In, c'est normalement là qu'est présenté
le théâtre plus traditionnel disons. Les grandes oeuvres, les grands noms. Le OFF, chez nous, c'est là où se fait un
théâtre un peu plus déjanté, bizarre, moins accessible disons. Au Festival d'Avignon,
c'est exactement l'inverse. Au In, on
présente des créations étranges et originales, qui montrent une autre facette
du théâtre. On n'y présente certainement pas du Molière et du Shakespeare. On
met en valeur le théâtre contemporain, plus expérimental, le théâtre qui essaie
de nouvelles choses et «thinks out of the box». Le OFF, de son côté, a tout ce qu'il y a de plus traditionnel. On y
présente du Molière et du Shakespeare, des adaptations de toutes sortes, des
créations aussi, mais beaucoup plus comme le théâtre dont on a l'habitude d'en
voir et d'en entendre: mise en scène plus traditionnelle, pas de technologie ou
presque, les décors sont souvent pauvres. C'est bien, ça laisse place à plus de
1200 spectacles de tout genre de se produire sur scène. Avec cette quantité de
spectacle, on espère simplement en trouver quelques-uns de qualité.
Pour ce qui est de mon
sujet précisément, à savoir quelle est la place du spectateur dans le théâtre,
elle est relativement similaire dans plusieurs des pièces que j'ai vu. Le
spectateur peut être témoin d'une action (beaucoup de pièces du OFF), être le
confident des acteurs sur scène ou même le confesseur (Todo el cielo sobre la tierra), être la personne à qui on raconte
l'histoire directement (Mangez-le si vous
voulez), faire partie intégrante de l'histoire (Shéda). Le rapport scène/salle est souvent frontal, l'interaction
avec le public se limite habituellement à la parole, sauf quelques exceptions
(dans Shéda, les acteurs ont invité
des spectateurs à danser avec eux sur le plateau). Souvent, on parle au
spectateur, mais quelques fois, on parle du spectateur, plus ou moins
implicitement (Le pouvoir des folies
théâtrales).
Voilà. Ça résume très simplement les quelques impressions que j'ai eu, à la fois sur le spectateur
lui-même et sur sa présence au théâtre et dans le théâtre. Des comptes-rendus
plus détaillés suivront, je me suis juste dit qu'après presque deux semaines de
festival, il était temps de faire un mini-topo. La suite à venir donc.
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