Ouvert! : inauguration rassembleuse,
mais hermétique
Le spectacle d'inauguration du Festival
d'Avignon, ainsi que de la FabricA, nouveau lieu de résidence du
Festival, a été crée par le Groupe F, spécialisé dans la
conception de spectacles pyrotechniques de grande envergure. Il a été
présenté en plein air, dans la soirée du 5 juillet 2013. Cette
présentation consistait principalement en une projection sur deux
murs extérieurs de la FabricA. Le groupe avait travaillé avec des
enfants des quartiers où se trouve ce nouveau lieu du festival pour
élaborer son oeuvre. Des dessins de ces enfants étaient donc
projetés et des enregistrements de leur voix étaient donnés à
entendre, le tout ponctué de feux d'artifices et de tableaux
inspirés de jeux vidéo, où des acrobates, vêtus de costumes
lumineux et suspendus de sorte à donner l'impression de marcher sur
les murs, évoluaient dans des mondes à la fois ludiques, mais aussi
précaires et dangereux.
De par le mélange de deux formes d'art
généralement considérées comme populaires, soit la pyrotechnie et
l'art du cirque, il s'agissait d'un évènement extrêmement
rassembleur. En effet, des spectateurs de tous âges et provenant de
milieux et de pays divers ont pu assister gratuitement au lancement
d'un festival qui n'est généralement pas aussi accessible, le prix
des billets étant habituellement assez élevé. De plus, comme le
matériau principal de l'oeuvre était l'image, il n'y avait pas de
barrière de langue qui aurait pu empêcher les étrangers d'avoir
accès à l'oeuvre. On peut donc dire que la forme de ce spectacle,
marquée par l'interdisciplinarité entre images vidéo, acrobatie et
feux d'artifice, servait pleinement l'objectif d'offrir un spectacle
pour tous.
Cependant, le contenu, quant à lui,
n'était pas aussi accessible que la forme. En effet, pour le
spectateur qui n'était pas au courant du processus de création du
Groupe F pour cet évènement, il était difficile de saisir tout le
sens caché derrière les effets spectaculaires. Il y avait beaucoup
de références au milieu social dans lequel est situé la FabricA
dont le spectateur n'était pas nécessairement informé. Il
devait donc se contenter de se laisser éblouir par l'esthétisme du
visuel et l'agilité des acrobates sans chercher à comprendre le
sens des différents tableaux, même s'il était évident pour lui
qu'il en avait un même s'il ne pouvait le saisir. Ainsi, l'oeuvre,
tout en étant populaire parce que rassembleuse, était aussi
hermétique, son sens n'étant pas ouvert à tous.
Ceci dit, c'était un spectacle festif
dont la forme était idéale pour ouvrir le festival en beauté.
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