Re : Walden de Jean-François
Peyret est une œuvre que j'ai davantage reçue comme une
expérimentation technologique et esthétique à partir des mots
d'Henry David Thoreau (auteur de Walden ou la vie dans les bois)
qu'une représentation théâtrale en soi. Je l'ai perçue un peu
comme une installation, car il n'y avait pas, selon moi, la
communication entre la scène et la salle que je considère
nécessaire au théâtre. Un produit était donné à voir au
spectateur, sans réelle notion de partage ou de rétroaction.
C'était une œuvre esthétiquement très belle et qui créait une
ambiance poétique intéressante, mais qui n'avait pas un contenu
très profond au-delà de la thématique de la confrontation entre
technologie et nature qui était exploitée par Peyret. D'ailleurs,
la nature n'était présente que dans les mots-matériaux, tirés de
Walden et récités
par les interprètes, et dans la présence physique de ceux-ci. Du
reste, c'est la technologie qui était mise en scène, à commencer
par la régie, composée de dizaines d'ordinateurs, qui faisait face
à la scène et dos au public.
Cette
œuvre était, par ailleurs, marquée par le triangle formé par la
littérature, la musique et les arts médiatiques (notamment
l'utilisation de la vidéo, de l'audio et de l'informatique). Ce
dialogue entre diverses pratiques artistiques servait la construction
d'une ambiance, mais ne permettait pas d'ouvrir la communication avec
le public. Voilà pourquoi je n'inclue pas l'art théâtral dans ce
métissage, car la présentation était dépourvue de cette tension
entre la scène et la salle qui fait partie de l'essence du théâtre.
(De plus, les interprètes récitaient plus qu'ils ne jouaient.) Il
s'agissait surtout de proposer une ambiance créée à partir d'un
traitement particulier du laguage, des mots issus du livre de
Thoreau, prononcés et projetés, sur la musique jouée à la fois en
direct par le compositeur et contrôlée par l'informatique et sur
les projections. Celles-ci étaient constituées de photographies
d'un étang entouré d'une forêt à différents moments de l'année
et d'animations informatisés (ex. phrases du livre qui se déploient
pour former des arbres, traductions automatiques, etc.). Ces trois
pratiques artistiques entraient en dialogue les unes avec les autres
et s'influençaient sous les yeux du spectateur. Par exemple, à un
moment, chaque touche du piano sur laquelle le musicien appuyait en
jouant modifiant l'image de l'étang qui était projetée. Il y avait
donc un important métissage entre les trois arts qui étaient mis en
scène et qui créait un résultat intéressant à recevoir pour son
esthétisme, mais qui ne m'est pas apparu comme une représentation
théâtrale au sens où je l'entends, parce que le partage entre la
scène et la salle (et vice versa) n'était pas présent. En sommes,
un bel objet certes, mais qui atteint difficilement le spectateur qui
doit se contenter de le contempler sans y participer.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire