dimanche 7 juillet 2013

Re: Walden : expérimentation technologique et esthétique


Re : Walden de Jean-François Peyret est une œuvre que j'ai davantage reçue comme une expérimentation technologique et esthétique à partir des mots d'Henry David Thoreau (auteur de Walden ou la vie dans les bois) qu'une représentation théâtrale en soi. Je l'ai perçue un peu comme une installation, car il n'y avait pas, selon moi, la communication entre la scène et la salle que je considère nécessaire au théâtre. Un produit était donné à voir au spectateur, sans réelle notion de partage ou de rétroaction. C'était une œuvre esthétiquement très belle et qui créait une ambiance poétique intéressante, mais qui n'avait pas un contenu très profond au-delà de la thématique de la confrontation entre technologie et nature qui était exploitée par Peyret. D'ailleurs, la nature n'était présente que dans les mots-matériaux, tirés de Walden et récités par les interprètes, et dans la présence physique de ceux-ci. Du reste, c'est la technologie qui était mise en scène, à commencer par la régie, composée de dizaines d'ordinateurs, qui faisait face à la scène et dos au public.

Cette œuvre était, par ailleurs, marquée par le triangle formé par la littérature, la musique et les arts médiatiques (notamment l'utilisation de la vidéo, de l'audio et de l'informatique). Ce dialogue entre diverses pratiques artistiques servait la construction d'une ambiance, mais ne permettait pas d'ouvrir la communication avec le public. Voilà pourquoi je n'inclue pas l'art théâtral dans ce métissage, car la présentation était dépourvue de cette tension entre la scène et la salle qui fait partie de l'essence du théâtre. (De plus, les interprètes récitaient plus qu'ils ne jouaient.) Il s'agissait surtout de proposer une ambiance créée à partir d'un traitement particulier du laguage, des mots issus du livre de Thoreau, prononcés et projetés, sur la musique jouée à la fois en direct par le compositeur et contrôlée par l'informatique et sur les projections. Celles-ci étaient constituées de photographies d'un étang entouré d'une forêt à différents moments de l'année et d'animations informatisés (ex. phrases du livre qui se déploient pour former des arbres, traductions automatiques, etc.). Ces trois pratiques artistiques entraient en dialogue les unes avec les autres et s'influençaient sous les yeux du spectateur. Par exemple, à un moment, chaque touche du piano sur laquelle le musicien appuyait en jouant modifiant l'image de l'étang qui était projetée. Il y avait donc un important métissage entre les trois arts qui étaient mis en scène et qui créait un résultat intéressant à recevoir pour son esthétisme, mais qui ne m'est pas apparu comme une représentation théâtrale au sens où je l'entends, parce que le partage entre la scène et la salle (et vice versa) n'était pas présent. En sommes, un bel objet certes, mais qui atteint difficilement le spectateur qui doit se contenter de le contempler sans y participer.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire