lundi 22 juillet 2013

Le pouvoir des folies théâtrales (dansées et performatives)

En bonne universitaire héritière de la modernité, j'ai passé beaucoup de temps à vouloir découper cette pièce, mettre les bons morceaux dans les bonnes cases. C'est un jeu qui me plaît beaucoup. Je ne me suis peut-être pas rendue bien loin dans la vie depuis l'enfant qui plaçait le rond, le carré, le triangle et l'étoile dans leurs trous...Ici, trois trous: théâtre, danse et performance. Et beaucoup de morceaux dans ces 4h30 de spectacle. Je vous épargne mon tableau un peu sec et tenterai d'utiliser cette catégorisation pour tirer quelques conclusions plus pertinentes que « Ceci est du théâtre! » . En pus que le titre, donc le créateur, nous l'indique très clairement. Enfin, avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais noter que ce besoin de classer, qui me vient rarement avec autant de force que pour cette oeuvre, est très certainement dû à l'esthétique très contrôlée, symétrique et organisée du Pouvoir des folies théâtrales. 

Puisque le titre le veut ainsi, j'aborderai d'abord l'aspect théâtral de l'oeuvre, à commencer par sa structure. En effet, la pièce est construite en tableaux, liés entre eux par une dramaturgie, une ligne directrice qui est celle choisie par Fabre. Ela participe à créer cette forte impression de contrôle que m'a laissée l'oeuvre. Certes, elle ne raconte pas une histoire, mais elle suit un certain schéma avec une exposition, des temps plus forts, des retours au calme, certains motifs sont repris tout au long de la pièce et la conclusion reprend des éléments du début. Dans cette structure évoluent des personnages. Ils ne sont ni très construits psychologiqueent, ni des stéréotypes. Ce sont des icônes, des figures emblématiques. La Femme à qui la scène est interdite. L'Amoureuse blessée. L'Adonis statue. Si la structure est la coquille accueillant le conflit (essence du théâtre), les personnages sont les déclencheurs d dit conflit. Le dernier élément théâtral d'importance est le texte. Il ne s'agit pas ici d'une fable, mais de ce qui s'approche davantage d'une liste. Une série de réféences sur l'histoire du théâtre et de la danse. Un matériau qui ouvre sur l'assez grande place laissée à la parole. Une parole répétée jusqu'à l'excès et théâtralisée dans ses variations de ton, de rythme et même de langue. Pour moi, dans Le pouvoir des folies théâtrales, le théâtre est une base, une structure d'acceuil.

À l'intérieur d'elle se glisse la danse qui s'inscrit comme matière. Le corps de l'oeuvre. Sa présence se manifeste principalement dans la performance athlétique des interprètes, dans l'identification kinsesthésique que ressent le spectateur face à ces corps en mouvement. Il assiste a différents numéros dansés comme une valse entre les deux hommes statues par exemple. De plus, l'ensemble du programme gestuel de la pièce est caractérisé par les mouvements de groupe, les déplacements de masse et la créations de figures géométriques dans l'espace. Enfin, la danse se manifeste aussi dans le décor et les costumes. Du premier on peut dire qu'il s'agit d'un plancher de danse, immense plateau vde et lisse. Et des costumes, c'est la nudité qui marque, ce rapport au corps si différent de celui qu'on a au théâtre. En danse, le corps nu, c'est la possibilité d'apprécier la beauté du mouvement. Corps nu, scène nue, mouvements de groupe et athlétisme sont la chair de cette oeuvre, le tout mis en forme par le théâtre.

Finalement, il convient de poser la question de la performance. Question complexe s'il en est. Du moins, à moi, elle pose problème. Une chose est sûre la performance est présente dans la réception, dans le contrat entre la scène et la salle. Comme mentionné plus haut, le spectateur s'identifie physiquement aux interprètes. On peut donc dire qu'il s'identifie à l'action. Il imagine le risque encourru, la douleur, etc. Là où la question de la performance devient problématique, c'est à savoir si ce risque est réel. Les acteurs cherchent ils réellement et personnellement à aller au bout de leurs limites? Le contrôle dans la structure n'est-il pas un indice de la fausseté de ce qui paraît performatif? Oui, les acteurs courrent sur place en disant leur texte pendant d'interminables minutes et on voit l'épuisement. Mais ils arrêtent tous en même temps, avant même que l'un d'eux puisse s'écrouler de fatigue. Aucune limites ne semble réellement atteinte...À mon avis, la performativité se trouve davantage dans la réception que dans l'acte. Ce qui m'amène à parler de la présence marquée de sensationnalise dans cette pièce. C'est comme si on se moquait un peu du spectateuren lui offrant tout ce qu'il aime voir, du spectaculaire: des assiettes éclatées, des numéros de chiens savants, des grenouilles écrasées et des artistes qui ont l'air de prendre des risques. Le tout placé dans un cadre de lenteur extrème et de répétition jusqu'au dégoût. On lui offre son idée préconçue de la performance, mais on lui souffle des indice à l'oreille pour qu'il comprenne que c'est de la frime, du toc. 

Si je résume: structure théâtrale, matière danse et réception performative. Les morceaux sont dans les bons trous? Et maintenant? J'ai un peu mieux compris le sens de l'oeuvre, tout simplement. C'est une méthode qui en vaut une autre, parfois un peu réductrice, parfois un peu nécessaire dans le processus de réflexion!

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