mardi 9 juillet 2013

Re: Walden- Nature humaine vs Nature des machines


Le spectacle Re:Walden présenté au Tinel de la Chartreuse de Villeneuve Lez Avignon, à environ 10 minutes d'autobus d'Avignon, le 6 juillet dernier à 18h en était à sa première au Festival. Mis en scène par Jean-François Peyret, ce spectacle basé sur l'oeuvre Walden ou la vie dans les bois de Henry David Thoreau en est un qui allie technologie et humain, mémoire vivante et artificielle. Projection d'images en mouvement, texte sous différentes formes verbales ou visuelles, musique originale en direct ou orchestrée, ce spectacle a mis en valeur toutes sortes de technologies de l'image, du son et de l'animation en plus du travail des acteurs sur un texte non théâtral et du travail des techniciens qui se trouvaient entre la salle et la scène. 

Cependant, avec tous ces éléments présents sur la scène ou devant, la place du spectateur était plutôt ambigüe. À se demander si l'absence de spectateurs aurait changé quelque chose à la représentation. Le texte était débité, sans poésie ni jeu précis, sauf celui de chercher ses mots et de travailler sa mémoire des mots précis du texte. L'interaction des acteurs sur scène se faisait surtout avec les techniciens devant la scène à qui ils parlaient parfois directement ou à qui ils donnaient certains accessoires, ou le musicien sur scène avec eux. L'interaction entre les acteurs n'en était pas une de communication réelle non plus, mais bien comme des amis qui tentent d'apprendre un texte ensemble, qui se corrigent et s'entraident, sans que cela ait nécessairement un sens précis. C'est donc que le sens du texte n'était pas particulièrement important, même si le texte était un élément omniprésent tout au long de la pièce. Ce sont plutôt les jeux de mots, les corrections de l'un et de l'autre ainsi que les moments d'interaction plus comiques (on frappe une chaise au sol et le musicien déclenche la musique, par exemple) qui ont fait réagir le spectateur et l'ont sorti quelque peu du tourbillon de mots qui lui était dit. 

De plus, dès le début de la représentation, les spectateurs ont été «avertis» que le sens du texte ne serait pas au centre de la pièce, et donc, qu'on ne se ferait pas raconter ou montrer une histoire. Alors que les spectateurs s'installaient dans la salle, les acteurs étaient déjà présents sur scène, assis, et parlaient, donnaient leur texte. Cela a pris quelque temps avant que les spectateurs ne se taisent afin d'entendre ce qui était dit par les acteurs. Cependant, ceux-ci ne parlaient pas d'une voix forte, et leurs micros n'étaient pas allumés. Pourtant, ils parlaient, mais la salle ne les entendait pas, sauf les spectateurs assis dans les premières rangées (moi inclus). Les intentions donc d'utiliser le texte comme outil pour développer la mémoire était donc beaucoup plus forte que l'exploitation du sens du texte dit. 

Aussi, j'avais l'impression qu'on mettait à l'épreuve les capacités du spectateur à regarder ce qui se passait sur scène. Peut-être aussi puisque j'étais assise dans la première rangée, juste derrière la ligne de techniciens qui s'occupaient du son, des images ou de la musique, mon regard a été continuellement déchiré entre regarder ce qui se passait sur les ordinateurs devant moi et les acteurs qui parlaient sur scène. Déchirement qui a su attirer mon attention, beaucoup plus que la simple écoute du texte dit sur scène. 

Bref, les spectateurs ont donc assisté à une expérimentation technologique mettant en contraste l'humain (acteur, musicien) et la machine sans pour autant qu'ils soient intégrés ou adressés directement durant la représentation, et cela, même si les acteurs ont transgressé le quatrième mur (sans effet particulier sur le spectateur ou la relation acteur-spectateur qui est restée la même). Une pièce verbeuse, mais plus complexe que ce qu'elle semblait donner à voir.

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