Le spectacle Re:Walden présenté au Tinel de la
Chartreuse de Villeneuve Lez Avignon, à environ 10 minutes d'autobus d'Avignon,
le 6 juillet dernier à 18h en était à sa première au Festival. Mis en scène par
Jean-François Peyret, ce spectacle basé sur l'oeuvre Walden ou la vie dans les bois de Henry David Thoreau en est un qui
allie technologie et humain, mémoire vivante et artificielle. Projection
d'images en mouvement, texte sous différentes formes verbales ou visuelles,
musique originale en direct ou orchestrée, ce spectacle a mis en valeur toutes
sortes de technologies de l'image, du son et de l'animation en plus du travail
des acteurs sur un texte non théâtral et du travail des techniciens qui se
trouvaient entre la salle et la scène.
Cependant, avec tous
ces éléments présents sur la scène ou devant, la place du spectateur était
plutôt ambigüe. À se demander si l'absence de spectateurs aurait changé quelque
chose à la représentation. Le texte était débité, sans poésie ni jeu précis,
sauf celui de chercher ses mots et de travailler sa mémoire des mots précis du
texte. L'interaction des acteurs sur scène se faisait surtout avec les
techniciens devant la scène à qui ils parlaient parfois directement ou à qui ils
donnaient certains accessoires, ou le musicien sur scène avec eux. L'interaction
entre les acteurs n'en était pas une de communication réelle non plus, mais
bien comme des amis qui tentent d'apprendre un texte ensemble, qui se corrigent
et s'entraident, sans que cela ait nécessairement un sens précis. C'est donc
que le sens du texte n'était pas particulièrement important, même si le texte
était un élément omniprésent tout au long de la pièce. Ce sont plutôt les jeux
de mots, les corrections de l'un et de l'autre ainsi que les moments
d'interaction plus comiques (on frappe une chaise au sol et le musicien
déclenche la musique, par exemple) qui ont fait réagir le spectateur et l'ont sorti
quelque peu du tourbillon de mots qui lui était dit.
De plus, dès le début
de la représentation, les spectateurs ont été «avertis» que le sens du texte ne
serait pas au centre de la pièce, et donc, qu'on ne se ferait pas raconter ou montrer
une histoire. Alors que les spectateurs s'installaient dans la salle, les
acteurs étaient déjà présents sur scène, assis, et parlaient, donnaient leur
texte. Cela a pris quelque temps avant que les spectateurs ne se taisent afin
d'entendre ce qui était dit par les acteurs. Cependant, ceux-ci ne parlaient
pas d'une voix forte, et leurs micros n'étaient pas allumés. Pourtant, ils
parlaient, mais la salle ne les entendait pas, sauf les spectateurs assis dans
les premières rangées (moi inclus). Les intentions donc d'utiliser le texte
comme outil pour développer la mémoire était donc beaucoup plus forte que
l'exploitation du sens du texte dit.
Aussi, j'avais
l'impression qu'on mettait à l'épreuve les capacités du spectateur à regarder
ce qui se passait sur scène. Peut-être aussi puisque j'étais assise dans la
première rangée, juste derrière la ligne de techniciens qui s'occupaient du son,
des images ou de la musique, mon regard a été continuellement déchiré entre
regarder ce qui se passait sur les ordinateurs devant moi et les acteurs qui
parlaient sur scène. Déchirement qui a su attirer mon attention, beaucoup plus
que la simple écoute du texte dit sur scène.
Bref, les spectateurs
ont donc assisté à une expérimentation technologique mettant en contraste
l'humain (acteur, musicien) et la machine sans pour autant qu'ils soient
intégrés ou adressés directement durant la représentation, et cela, même si les
acteurs ont transgressé le quatrième mur (sans effet particulier sur le
spectateur ou la relation acteur-spectateur qui est restée la même). Une pièce
verbeuse, mais plus complexe que ce qu'elle semblait donner à voir.
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